Longévité et sécurité sociale

Publié le par Objectif Longévité

 Mis à jour le 1er mars 2008

 L’augmentation de l’espérance de vie ne cesse d’alimenter les chroniques alarmistes concernant le financement des retraites. Afin d’illustrer la problématique, on avance souvent le rapport entre actifs et retraités : 2,2 actifs pour un " inactif " de plus de 60 ans en 2005 en France, proportion qui devrait être située entre 1,3 et 1,4 en 2050. Considéré isolément, il est certain que ce chiffre ne peut qu’inquiéter. Pourtant, à supposer qu’il se confirme, il ne reflétera qu’une partie de la réalité économique. En effet, il cache le fait que les hommes sont en partie remplacés par des machines (robots ou ordinateurs), phénomène qui devrait encore s’accélérer avec les progrès techniques. Il s'agit là d'une évolution positive, car elle permet d'affranchir l'être humain de tâches pénibles ou répétitives. Mais ces machines ne paient pas de cotisations sociales… Or, elles contribuent à créer de la richesse, autrement dit du Produit Intérieur Brut (PIB) et c’est celui-ci qui sera redistribué entre les acteurs socio-économiques.  Les experts estiment qu’au total, le besoin de financement du système de retraites sera compris en 2050 entre un peu moins de 2 points de PIB et près de 5 points de PIB, soit entre 30 et 80 mds d’Euros. Cela n’est pas insurmontable dans une économie développée, même si la croissance se ralentit. Par contre, il sera indispensable de modifier l’assiette qui sert de base au financement des retraites et du système de santé. Le système actuel, en faisant reposer tout l’effort sur les salaires, est trop sensible aux fluctuations du marché de l'emploi. Il ne sera pas tenable à terme et le recul de l’âge de la retraite ne suffira pas à assurer les financements nécessaires. 
 Une diversification du financement de la sécurité sociale est donc indispensable, d’abord en calculant les cotisations sociales patronales sur la valeur ajoutée, ce qui éviterait de pénaliser comme actuellement les entreprises de main d'œuvre. Il serait en effet juste et incitatif pour la création d'emplois que celles-ci cotisent moins et que les sociétés qui ont une forte valeur ajoutée mais un personnel réduit (du fait d'une forte automatisation) contribuent davantage. Ce mode de calcul permettrait aussi de prendre en compte les importations, pour lesquelles aucune cotisation sociale n’est actuellement versée. 
  Ce n'est pas l'allongement de l'espérance de vie qui est responsable du déficit de la Sécurité Sociale, mais un mode de financement inadapté qu'il faut réformer sans attendre.

Par ailleurs, il vaut mieux raisonner en terme d’années de cotisations plutôt que d’âge imposé de départ à la retraite, car il est légitime que ceux qui ont commencé à travailler tôt bénéficient également plus tôt de l’ouverture de leurs droits. De la même façon, il semblerait normal de prendre en compte la pénibilité du travail dans certaines professions afin de compenser l’injustice de l’écart d’espérance de vie, qui est en moyenne en France de 5 ans entre un cadre et un ouvrier. 

 
 Les solutions existent pour prendre en compte la longévité dans notre système de protection sociale, tout en maintenant le niveau des prestations, à condition d'en avoir la volonté et de ne pas craindre les innovations.

Publié dans objectif.longevite

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